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Audrey, tu deviens championne du monde 2007 à Baku (Azerbaïdjan), pensais-tu atteindre ce niveau un jour ?
"Cela faisait un bout de temps qu’une française n’avait pas obtenu le titre mondial (Anna Gomis en 1999). La tension était palpable pour moi, mais j’étais déterminée comme jamais. Je bats l’ukrainienne, ma bête noire en début de compétition. Cette victoire m’a donné ce petit truc en plus, ce déclic et cette confiance en moi qui me faisait tant défaut. Et il y a cette finale contre l’allemande. A ce moment là, c’est elle ou moi. Tu te bats et donne tout ce que tu as. Rien ne pouvait se mettre en travers de ma route, c’était mon jour."

Quelle était ta réaction à ce moment là ?
"Quel pied ! Quel bonheur de faire retentir la Marseillaise ! Je partageais ce moment intense avec ma famille, les filles (Vanessa Boubryem, Anne-Catherine Deluntsch, Anna Gomis), la famille de la lutte française, le collectif France… J’ai appelé mes parents pour leur faire écouter cette Marseillaise en laissant sonner mon téléphone dans ma poche.
Les larmes de Ghani Yalouz m’ont ému, il était pour moi un exemple de réussite. J’avais aussi une énorme pensée pour mon coach personnel, Nodar Bokhashvili (actuel entraîneur national des féminines), qui travaillait dans l’ombre et qu’on oubliait souvent. Si je deviens championne du monde, c’est grâce à lui. Enfin son talent était reconnu à sa juste valeur."

La lutte est un sport individuel, pourtant tu parles souvent du collectif France. Comment était l’ambiance ?
"Avec les filles, on en bavait ensemble. Ce titre, c’était aussi une récompense pour elles. Elles pleuraient et j’avais l’impression qu’elles aussi étaient championnes du monde. Championnes du monde, elles l’étaient assurément dans mon cœur. Je souhaite à tout le monde d’avoir la chance de vivre ce genre d’émotions."

 audrey prieto

 

Comment as-tu vécu ton retour en France ?
"Incroyable ! Tout le monde était là : ma famille, mes amis, la lutte française. Tous m’ont accueilli à l’aéroport avec le champagne, les cadeaux. Ça faisait bizarre, je n’ai pas l’habitude de cette notoriété, j’avais l’impression d’être la plus belle merveille du monde aux yeux de mes proches. J’étais fière, fière de partager ce titre avec les gens que j’aime."

Tu es continué d’œuvrer pour la lutte suite à ta retraite sportive…
"Oui, ce que j’aime c’est transmettre cet espoir aux enfants : mettre cette ceinture et cette médaille autour de leurs petits ventres et surtout autour de leurs cous et voir scintiller leurs yeux. Avoir la chance d’être grande ambassadrice du sport m’offre cette opportunité. La vie est semblable à un match de lutte, fait de hauts et de bas. J’espère voir ces enfants gagner ce match et se hisser sur la plus haute marche du podium, fiers d’eux-mêmes."


Paris a été désignée ville organisatrice du championnat du monde de lutte sénior 2017, c’est une bonne nouvelle ?
"C’est grandiose pour la promotion de notre sport ! Les français vont pouvoir ressentir ce qu’est la lutte dans le monde. Cela va permettre de médiatiser un sport encore si méconnu chez nous. Je souhaite à tous bonne chance pour l’organisation de cet événement qui je le sais, sera une réussite. Montrons au monde nos compétences et notre savoir-faire."


Fais-tu aussi référence à la décision du CIO de la ville hôte des JO 2024 qui tombe une semaine après le championnat du monde de lutte ?
"Oui bien sur ! Réussir ce mondial prouvera que nous sommes capables d’organiser de grands événements. Je ne pense pas que les gens se rendent compte de l’impact d’avoir des Jeux sur nos terres. C’est quelque chose qu’un pays, qu’une population doit vivre ! Je croise les doigts pour partager ces émotions avec le monde entier."

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